Côte d'Ivoire — Rapport du système d'alertes du suivi des mouvements de transhumance – région du bounkani (Juin 2024 - Septembre 2024)

La transhumance transfrontalière est une activité économique majeure en Afrique de l’Ouest qui contribue au développement de l'ensemble de la région. Les différents cycles de transhumances, qui se déroulent depuis les pays sahéliens vers les pays côtiers et inversement, ont subi des bouleversements importants au cours des dernières décennies. La variabilité climatique, la pression démographique, la raréfaction des ressources naturelles, la volatilité politique et l’insécurité au Sahel ont profondément affecté les itinéraires et les flux de transhumance, accentué la concurrence autour des ressources naturelles et ouvert la voie à des conflits souvent violents opposant les agriculteurs et leurs communautés aux éleveurs.

Dans la région du Bounkani au nord-est de la Côte d’Ivoire, le contexte actuel de la transhumance est plus particulier. En effet, l’une des principales raisons de présence des éleveurs transhumants transfrontaliers dans cette région est la situation sécuritaire au Burkina Faso voisin. Fuyant les violences dans leurs territoires d’attache, les éleveurs transhumants semblent s’installer pour une plus longue période qu’habituellement dans les départements du Bounkani. Par conséquent, très peu de mouvements cycliques ont été observés dans cette région.

En partenariat avec le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) dans le cadre du projet « Renforcer la résilience aux risques liés au changement climatique pour la paix et la stabilité socioéconomique dans le Nord-Est de la Côte d’Ivoire », l’OIM en collaboration avec le Réseau Billital Maroobe (RBM) a déployé l’outil de suivi de la transhumance (Transhumance Tracking Tool - TTT) dans la région du Bounkani. Avec le soutien des points focaux communautaires, des informateurs clés et des sentinelles, des informations recueillies sur les alertes relatives aux activités et aux mouvements de transhumance le long de la frontière entre les deux pays permettent d’identifier les sources de conflits, de comprendre les modes de résolution et d’informer les autorités compétentes afin de réduire les tensions dans les localités d’intervention.

Ce rapport présente les données d’alerte collectées dans sept sous-préfectures (Bouko, Bouna, Doropo, Gogo, Kalamon, Téhini et Tougbo) au cours de la période allant de juin à septembre 2024. Il décrit également les différents modes de règlement de ces conflits ainsi que les acteurs impliqués.

Au total, 48 alertes d’évènements, incluant des conflits agriculteurs-éleveurs, des vols de bétail et des conflits fonciers, ont été remontées.